Khoutba centrale : « Préserve ta prière de l’hypocrisie »

Lorsque Allah, le Très-Haut, décrit les hypocrites dans le Coran, Il ne commence pas par leurs paroles, mais par leur prière. Cela indique clairement que l’état réel du cœur se manifeste avant tout dans la manière d’accomplir la prière.

Allah explique que les hypocrites se lèvent pour la prière avec paresse, qu’ils cherchent à être vus des gens et qu’ils n’évoquent Allah que très peu. Ce passage ne vise pas ceux qui abandonnent totalement la prière, mais ceux qui prient tout en vidant la prière de son sens et de sa sincérité.

C’est précisément cette réalité qu’Ibn al-Qayyim a mise en évidence lorsqu’il explique que la prière peut contenir des caractéristiques relevant de l’hypocrisie pratique. Il mentionne la paresse au moment de se lever pour la prière, le fait de prier pour les gens, le retard volontaire de la prière, la précipitation sans quiétude, le peu d’évocation d’Allah durant la prière et la négligence de la prière en assemblée.

La paresse au moment de se lever pour la prière n’est pas une simple fatigue physique. Elle traduit une lourdeur du cœur et un manque de désir pour la rencontre avec Allah. Le Prophète a indiqué que certaines prières sont particulièrement lourdes pour les hypocrites, car elles sont accomplies loin des regards et sans reconnaissance sociale.

Prier pour être vu des gens est l’une des formes les plus dangereuses de déviation dans l’adoration. Lorsque l’objectif devient le regard des hommes plutôt que l’agrément d’Allah, la prière perd sa valeur spirituelle. Le Prophète a mis en garde contre cette forme subtile d’association qu’il craignait plus que toute autre pour sa communauté.

Retarder volontairement la prière est également un signe révélateur. L’hypocrite ne nie pas la prière, mais il la repousse jusqu’à la fin de son temps, puis l’accomplit sans présence du cœur. Cette attitude montre un rapport superficiel à l’adoration et un manque de respect pour les temps fixés par Allah.

La précipitation dans la prière est un autre symptôme. Une prière accomplie sans tranquillité, sans pauses et sans recueillement ne remplit pas son rôle éducatif et spirituel. Une telle prière n’élève pas l’âme et ne corrige pas le comportement.

Le cœur de la prière est l’évocation d’Allah. Lorsque la langue récite et que le cœur est absent, la prière devient une succession de gestes vides. Une prière dans laquelle Allah est peu évoqué ne peut ni purifier le cœur ni orienter durablement la vie du croyant.

La négligence de la prière en assemblée révèle également un affaiblissement du sens de la responsabilité religieuse. La prière collective n’est pas une simple organisation, mais un signe d’engagement et d’appartenance à la communauté. La fermeté avec laquelle le Prophète a mis en garde contre son abandon injustifié montre clairement la gravité de cette négligence.

L’un des pieux prédécesseurs disait qu’il entrait dans la prière comme s’il s’agissait de sa dernière prière. Il se tenait debout avec calme, conscient de la présence d’Allah. Il ne rallongeait pas la prière pour impressionner les gens et ne la raccourcissait pas par attachement à la vie d’ici-bas. Sa prière était équilibrée, posée et sincère.

Une telle prière laisse une trace profonde dans le cœur et se reflète dans le comportement. Une prière entachée d’hypocrisie, en revanche, ne laisse de trace que sur le tapis, sans jamais atteindre le cœur.

Préserve donc ta prière de l’hypocrisie. Car la prière est la première œuvre sur laquelle le serviteur sera interrogé au Jour du Jugement. Si elle est correcte, le reste le sera aussi. Si elle est corrompue, le reste le sera également.

(Khoutba centrale du chef de culte Hafiz Hilmija Redžić du 19 décembre 2025 à l’Association Islamique et Culturelle Al Rahma à Differdange)