Khoutba centrale : « Une compréhension juste du baraka »

Louange à Allah, Seigneur des mondes. Que la paix et les bénédictions soient sur le Prophète Muhammad, sur sa noble famille, ses compagnons et tous ceux qui le suivent jusqu’au Jour du Jugement.

Chers frères et sœurs,

Le baraka (la bénédiction) est l’un des dons les plus précieux d’Allah, mais souvent négligé ou mal compris. Il ne s’agit pas simplement d’un accroissement en quantité, mais de la présence de la bonté divine, qui donne une valeur durable et bénéfique à tout ce qu’elle touche.

Allah, le Très-Haut, rapporte les paroles de ‘Isa (Jésus), que la paix soit sur lui :
« Et Il m’a rendu béni où que je sois… »
(Sourate Maryam, v. 31)

Être béni signifie être une source de bien, de sérénité, d’utilité et de miséricorde divine – là où l’on est, dans ses paroles, ses actes et sa façon de vivre. Le baraka, c’est la croissance, l’augmentation, la fécondité spirituelle. C’est une grâce divine qui descend sur une chose pour la rendre durablement bénéfique. Le baraka est une aide invisible d’Allah, une intention de bien implantée dans ce que nous entreprenons. Elle ne résulte pas de notre force, mais est un don du Très-Haut.

Allah dit :
« Béni soit Celui dans la main de qui est la royauté ! »
(Sourate Al-Mulk, v. 1)

Ce verset nous enseigne que le baraka n’est pas entre nos mains, mais dans celles d’Allah.

L’un des exemples du baraka dans la vie est celui du compagnon Sa’d ibn Mu’adh, qu’Allah l’agrée. Il a accepté l’islam à l’âge de trente ans et est décédé à trente-six ans. Pourtant, à sa mort, le Trône du Tout Miséricordieux a tremblé, comme le rapportent les hadiths authentiques.
(Bukhari, n° 3803 ; Muslim, n° 2469)

Seulement six années d’islam ont suffi pour qu’Allah l’honore d’un privilège qu’aucun roi de ce monde ne peut atteindre. C’est cela, le baraka.

Le Prophète ﷺ invoquait :
« Ô Allah, bénis ma communauté dans le début de la matinée. »
(Abu Dawud, n° 2606)

Le matin est un moment béni. Certaines personnes dorment dix heures et se réveillent épuisées. D’autres dorment cinq heures et se lèvent pleines de sérénité et de dynamisme – car leur temps est béni. Si tu as des tâches que tu n’arrives pas à terminer, essaie de les faire dans ce moment béni, et tu verras la bénédiction.

Le baraka ne s’obtient pas par l’effort ou le gain, il descend comme une faveur divine. Cela se reflète dans le récit d’Anas ibn Malik, qu’Allah l’agrée. Sa mère dit au Prophète ﷺ :
« Voici ton serviteur, invoque Allah pour qu’il lui accorde la bénédiction. »
Et le Prophète ﷺ dit :
« Ô Allah, augmente sa richesse et sa descendance, et accorde-lui le baraka – rends-le béni. »
(Bukhari, n° 1982 ; Muslim, n° 660)

Cette invocation fut exaucée : Anas a vécu plus de cent ans, possédait de grandes richesses et plus d’une centaine de descendants.

Le Prophète ﷺ faisait aussi cette invocation pour les jeunes mariés :
« Qu’Allah te bénisse, qu’Il te comble de Ses bienfaits et vous unisse dans le bien. »
(Al-Hakim, Al-Mustadrak, 2/183)

Et pour ceux qui l’accueillaient à leur table :
« Ô Allah, bénis ce que Tu leur as accordé comme subsistance, pardonne-leur et fais-leur miséricorde. »
(Abu Dawud, n° 3854)

Tout cela montre que le baraka est une source de bonheur. Lorsqu’il se trouve dans une petite chose, il l’augmente ; et lorsqu’il se trouve dans une grande chose, il la rend utile.

Le baraka est essentiel dans plusieurs domaines clés :

Dans la vie : Sa’d ibn Mu’adh a accompli en six ans ce que d’autres n’accomplissent pas en soixante. L’important n’est pas combien nous vivons, mais comment nous vivons. Une vie bénie est celle qui laisse une empreinte, ici-bas et auprès d’Allah.

Dans le temps : Chaque moment n’a pas la même valeur. Le matin a un baraka particulier. Avec un temps béni, on accomplit davantage avec moins d’efforts et de stress.

Dans la subsistance : Il ne s’agit pas du montant des revenus, mais de leur utilité et suffisance. Certains ont beaucoup mais sont toujours endettés. D’autres ont peu mais en sont satisfaits. C’est la différence entre richesse sans bénédiction et pauvreté avec baraka.

Dans le savoir : Le savoir béni est celui qui te pousse à obéir à Allah. Si un verset ou un hadith te pousse au changement, au repentir, à une bonne action – c’est un signe que ce savoir est béni. En revanche, un savoir qu’on écoute, qu’on mémorise, mais qui ne change rien dans notre vie – ce n’est pas un savoir avec baraka.

Beaucoup écoutent des sermons pendant le Ramadan, sont touchés aux larmes par les invocations, mais reviennent à leurs anciennes habitudes après. Cela montre qu’il faut demander à Allah la bénédiction dans le savoir. Car un savoir inutile est comme une graine qui ne germe pas.

Le baraka dans le savoir te fait persévérer dans l’obéissance à Allah jusqu’à la fin de ta vie, et t’apporte douceur et force intérieure.

Qu’Allah nous accorde la bénédiction dans nos vies, nos familles, notre temps, notre subsistance, notre savoir et dans tout bien qu’Il nous accorde.

Wa akhiru da‘wāna anil-ḥamdu lillāhi Rabbi-l-‘ālamīn.

(Khoutba centrale du chef de culte Hafiz Hilmija Redžić du 20 juin 2025 au Centre Islamique et Culturel Berat à Esch-sur-Alzette)