Khoutba : « Vers les palais du Paradis »

Il y a des moments où l’on comprend que la richesse ne vaut rien si ceux qui nous sont les plus chers nous échappent, ou si nos enfants s’engagent sur une mauvaise voie. À quoi sert la fortune que nous gagnons si ceux qui en disposent la dépensent d’une manière qui ne satisfait pas leur Seigneur ? Et que vaut la richesse que nous laisserons derrière nous à ceux qui ne sauront pas la préserver ?

Si, en revanche, nous laissons derrière nous des personnes bien éduquées, elles sauront trouver le chemin vers les moyens matériels et vers tout ce dont elles ont besoin pour vivre. Et les mosquées sont, sans aucun doute, les meilleurs lieux où l’on éduque les gens et où naissent des membres précieux de la communauté.

« Les mosquées d’Allah ne sont entretenues que par ceux qui croient en Allah et au Jour dernier, accomplissent la prière, s’acquittent de la zakat et ne craignent que Allah ; ceux-là sont, on peut l’espérer, sur la voie droite. » (at-Tawba, 18)

Prendre soin d’une mosquée et participer à sa construction est un signe d’une foi vivante. Il est important de nous en souvenir constamment, car de telles occasions sont rares et précieuses : ce sont des possibilités de laisser derrière nous une trace qui perdurera après notre départ de ce monde et d’alourdir le plateau de bonnes œuvres que nous préparons pour le Jour du Jugement. Une motivation particulière nous vient des récits (hadiths) du Messager d’Allah, salla Allahou ‘alayhi wa sallam :

  • « À celui qui construit une mosquée pour Allah, Allah construira un palais au Paradis. » (Muslim)
  • « Parmi les œuvres du croyant qui continuent de lui parvenir après sa mort, il y a : le savoir qu’il a transmis, un bon enfant qu’il a laissé, un Moushaf qu’il a légué, une mosquée qu’il a construite, une maison qu’il a bâtie pour le voyageur, une source d’eau qu’il a aménagée, ou une sadaqa qu’il a donnée de sa richesse, alors qu’il était en bonne santé et vivant, afin qu’elle soit distribuée après sa mort. » (Ibn Mâdja, hasan)
  • « Celui qui construit une mosquée dans laquelle on mentionnera le Nom d’Allah, Allah, le Très-Haut, lui construira un palais au Paradis. » (Ibn Mâdja, sahih)
  • « Celui qui participe à la construction d’une mosquée ne serait-ce que de la taille d’un nid de moineau, ou moins encore, Allah lui construira un palais au Paradis. » (Ibn Mâdja, sahih)

Ces hadiths montrent clairement l’ampleur de la récompense promise à celui qui construit une mosquée ou qui participe, ne serait-ce que par la plus petite part, à sa construction.

Dans les circonstances actuelles, en particulier dans les sociétés où les musulmans constituent une minorité, les centres islamiques jouent un rôle extrêmement important. Ils deviennent des lieux où l’on préserve l’identité islamique, où les familles musulmanes apprennent leur religion, approfondissent leur savoir, façonnent leur caractère, et où les nouvelles générations sont initiées aux bases de l’histoire, de la culture et de la tradition. Ce sont aussi des lieux où l’on présente aux non-musulmans les valeurs véritables de l’islam, où ils peuvent entendre parler d’Allah, rencontrer des musulmans et, parfois, prononcer la shahada.

Les centres islamiques deviennent de plus en plus des ponts entre les communautés : des lieux où l’on fait tomber les préjugés, où l’on montre l’image lumineuse de l’islam, à une époque où l’espace médiatique est rempli de représentations déformées des musulmans et où l’on néglige sciemment la contribution historique des musulmans à la science, à la civilisation et à la culture. Investir dans de telles institutions, c’est investir dans tous les hajrât (bonnes œuvres) qui en découlent.

Le Messager d’Allah, salla Allahou ‘alayhi wa sallam, a dit :

  • « Vous êtes en prière tant que vous attendez la prière. Les anges prient en faveur de chacun de vous tant qu’il reste dans la mosquée et qu’il ne lui arrive rien qui annule ses ablutions. Ils disent : “Ô Allah, pardonne-lui ! Ô Allah, fais-lui miséricorde !” » (at-Tirmidhî, hasan-sahih)
  • « Lorsque des gens se réunissent dans l’une des maisons d’Allah (une mosquée) pour réciter le Livre d’Allah et l’étudier ensemble, la sérénité descend sur eux, la miséricorde les enveloppe, les anges les entourent et Allah les mentionne auprès de ceux qui sont auprès de Lui. » (Muslim)
  • « Sept catégories de personnes seront mises à l’ombre d’Allah, le Jour où il n’y aura d’autre ombre que la Sienne : … un homme dont le cœur est attaché à la mosquée… » (al-Boukhârî et Muslim)

Si notre mosquée s’efforce d’acheter un lieu, de l’adapter ou de construire une nouvelle mosquée ou un centre islamique, ne restons pas à attendre que ce travail soit accompli par d’autres. C’est une occasion pour que nous nous inscrivions nous aussi dans une œuvre qui apporte un bénéfice durable à nous-mêmes et aux générations futures. Chacun peut donner selon ses capacités et ses moyens, et le Seigneur le lui remplacera, ici-bas et dans l’au-delà.

Voilà la bonne compréhension du tawakkul : fournir notre effort, puis nous en remettre à Allah, afin qu’Il nous protège, qu’Il préserve nos enfants et qu’Il nous éloigne de l’égarement et de l’influence de Shaytân.

(Khoutba centrale du chef de culte Hafiz Hilmija Redžić du 14 novembre 2025 à l’Association Islamique et Culturelle Al Rahma à Differdange)